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Publié le
- 03 novembre 2022
Des fleurs locales pour la Saint-Valentin ?
C’est possible !

Odile prépare un bouquet d’anémones fraîchement coupées de son champ, dans son atelier de Saint-Suliac.
Pour la Saint-Valentin, 600 millions de roses vont être vendues en France, majoritairement importées du Kenya, d’Ethiopie ou d’Amérique latine. Et si cette année, vous offriez des renoncules, anémones ou mimosa produites en France ? En Bretagne, la fleur aussi a son circuit court.
80% des fleurs utilisées en France sont importées. « On part de très, très loin », constate Hélène Taquet, productrice de fleurs dans le Nord depuis 2011 et créatrice du Collectif de la fleur française. Certaines fleurs françaises quittent même le territoire pour aller sur le marché au cadran au Pays-Bas, plateforme mondiale de la fleur, avant de se retrouver à nouveau sur les étals français, « un non sens écologique » pour Hélène. Toutefois, depuis plusieurs années – un phénomène accéléré par la crise sanitaire -, des producteurs et fleuristes s’installent et se lancent sur le marché de la fleur locale… pour que l’anémone française remplace la rose kenyane dans les bouquets de la Saint-Valentin.
Plus de 50 variétés sur 8000 m2 près des bords de Rance
Il pleut, le ciel est gris et bon nombre de fleurs ne sont pas encore sorties de terre en ce mois de février. Pas le temps idéal ni la meilleure saison pour aller découvrir les fleurs locales produites par Odile et Guy Vaultier, à Saint-Suliac, non loin des bords de Rance. Et pourtant ce 14 février, c’est 1,3 million de bouquets de fleurs qui vont être vendus en France, et quelques 600 millions de roses (étude Into the minds), en très grande majorité importées du Kenya, d’Ethiopie ou d’Amérique latine, avec un impact carbone et phytosanitaire énorme. Selon une étude de la Lancaster University en 2017, un bouquet de roses équivaudrait à un trajet Londres-Paris en avion.

« Sans parler des normes de culture qui sont beaucoup plus strictes en France, qu’en Europe ou à l’international », précise la fondatrice de l’association le Collectif de la fleur française. Chez Odile et Guy, le bouquet des amoureux sera composé d’anémones aux multiples couleurs. « Ici tout est produit sans chaleur artificielle, sans pesticides. Il n’y a pas eu assez de soleil pour les renoncules, les tulipes seront prêtes d’ici mi-mars », explique Odile qui a crée avec son mari en 2020 « Le champ libre », production et vente en direct de fleurs locales. Dans leur atelier de confection de bouquets en plein centre de Saint-Suliac, Anne, habitante de Saint-Malo, vient chercher son bouquet : » Je n’achète plus que des fleurs ici, elles sont magnifiques et elles tiennent beaucoup plus longtemps », précise-t-elle. Les fleurs importées sont coupées depuis quasiment 10 jours, réfrigérées, le bouquet se fane vite. « Nos fleurs peuvent tenir 15 jours sans problème », affirme Odile dans un grand sourire. Fleuristes locaux, restaurants pour les fleurs comestibles, coop bio, marché de producteurs locaux, ateliers de création… Odile et Guy déploient beaucoup d’énergie pour faire connaître leur circuit court de la fleur. En cette saison, la production nationale florale avoisine les 5% quand elle atteint 10% en été. « Ce que les consommateurs ne savent pas, c’est qu’il est possible en France d’avoir des fleurs toute l’année, mais pas des roses en février ! », explique Hélène Taquet.


« Le Champ libre », 8000 m2 de fleurs locales et de vergers près des bords de Rance.
« Quand tu es fleuriste, tu as 2, 3 camions de fleurs chaque semaine qui viennent de Hollande, avec un choix de variétés dingues mais pas une seule de ces fleurs viennent de France. »
Organiser le circuit-court de la fleur



Les Bottes d’Anémone sont livrées à Vannes, Auray et environs.