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En Bretagne, les bouteilles en verre s'inventent une seconde vie

Distro, gérée par Marie Clapier et son frère Antoine et 3 autres associés, veut créer une filière de réemploi des bouteilles en verre sur toute la Bretagne. 150 000 tonnes de déchets en verre par an sont collectés sur le territoire.

Depuis début juillet, la consigne de bouteilles en verre a fait son apparition dans deux supermarchés dans le Finistère. « C’est un projet pilote et les retours sont très positifs ! Les clients de ces supermarchés sont ravis de voir la consigne à nouveau proposée. », s’enthousiasme Marie Clapier, en charge des relations publiques et des partenariats chez Distro, filière de réemploi des bouteilles en verre. Avec son frère, Antoine et Anaïs elle a réalisé une étude de faisabilité du réemploi des bouteilles en verre sur le territoire breton en incluant tous les acteurs de la filière.

Les bouteilles sont lavées par la société Mahé, spécialisée dans le négoce de vins et distribution de boissons.

Créer une coopérative bretonne de réemploi

Distro a été créée en 2016 par des brasseurs et cidriers en Bretagne, mais ces derniers n’ont pas pu développer la filière. En 2019, les droits sont transférés à l’association Bout’ à Bout’, filière de consigne dans les Pays de la Loire qui existe depuis 4 ans. L’Ademe et la région Bretagne ont souhaité qu’une telle filière puisse à son tour voir le jour sur le territoire breton. Marie et son frère ont été chargés de relancer les consultations, travailler à sa faisabilité. Près d’1 an plus tard, la coopération avec deux producteurs finistériens et deux supermarchés voyait le jour, il y a 4 mois. Des débuts timides mais une ambition affichée : donner naissance à une société en ESS (économie sociale et solidaire) et créer une coopérative où producteurs de boissons, imprimeurs d’étiquettes, points de vente, collectivités, travaillent de concert pour développer le réemploi des bouteilles en verre.

« En Bretagne, il y a 150 000 tonnes de déchets en verre par an qui sont collectés. Et 70% des emballages en verre mis sur le marché en France sont des bouteilles »

75% des boissons consommées sur le territoire sont produites et consommées sur place, les possibilités de réemploi sont donc énormes », précise Marie Clapier. A la fin du mois, ils organisent des ateliers dans tous les départements bretons du 29 novembre au 9 Décembre en espérant créer en 2022 cette société coopérative, qui vivra de la marge perçue sur la revente des bouteilles lavées et des cotisations de ses adhérents.

La bouteille réemployée plus écologique que la bouteille recyclée

Pour réemployer les bouteilles, il faut qu’elles soient comme neuves une fois lavées. Le processus est assez simple. Distro récupère les bouteilles, les lave et les revend aux producteurs. Ces derniers amènent les bouteilles pleines aux points de vente qui mettent en place une consigne. Les bouteilles vides récupérées sont amenées au centre de lavage. « Nous travaillons avec la société Mahé qui embouteille du vin et fait déjà de la consigne. 3 à 4 millions de bouteilles par an sont lavées mais la machine est aujourd’hui sous-exploitée puisqu’elle peut aller jusqu’à 15 millions. », explique-t-on chez Distro, qui se veut être le chef d’orchestre de la filière : coordonner les transports, les acteurs, les besoins, des étiquettes sans solvant aux bouchons adaptés. « La plupart des producteurs n’avaient pas les bonnes étiquettes, il y avait des soucis également avec des bouchons mécaniques. La brasserie de Bretagne vient de les enlever pour pouvoir participer au réemploi », se félicite la chargée des partenariats.

Le système de bouteille consignée nécessite près de 4 fois moins d’énergie et 33% d’eau en moins par rapport à une bouteille recyclée. Cela permet d’éviter 80% des émissions de CO2 par rapport au recyclage.

Cette filière bretonne ne vas pas être départementalisée.  Il pourrait y avoir par contre des zones de stockage des bouteilles vides par département. Objectif: livrer les bouteilles dans un même centre et lorsqu’il y en a suffisamment, utiliser un semi-remorque pour les ramener pour être lavées, sans avoir de camion à vide.

Les bouteilles sont dans l’absolu réutilisables à vie mais la multiplication des lavages fragilise le verre qui peut donc casser. Une filière de réemploi  ne signifie donc pas l’arrêt total de l’achat de bouteilles neuves.

En 2025, les cafés et restaurants seront obligés de consigner

Aujourd’hui, utiliser des bouteilles réemployées n’est pas gratuit pour les producteurs de boissons.  » Pour une bouteille de 75 cl, une bouteille neuve chez un verrier coûte entre 28 et 40 centimes, la bouteille lavée est entre 32 et 34 centimes. Les gros producteurs perdent un peu mais plus on va faire du volume, plus ça baissera les coûts. L’étiquette hydro-soluble avec un adhésif qui puisse partir à l’eau peut coûter jusqu’à 20% plus cher, plus le réemploi se développe, plus le prix va baisser », calcule Distro.

Et quid de la consigne ? Comment s’assurer que les consommateurs ramènent les bouteilles vides ? Les points de vente y ont déjà réfléchi : gratification des acheteurs par des bons d’achat, ou consigne monétaire. Avec un argument imparable pour que cette filière voit le jour: l’obligation faite aux cafés et restaurants de réemployer 5% de leurs bouteilles d’ici à 2025 et 10% d’ici 2027.