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Taxirail veut faire rouler des modules à hydrogène sur les petites lignes

Porté depuis 2017 par une société d’ingénieurs costarmoricaine, le projet Taxirail entre dans une phase active. Un démonstrateur de ce moyen de transport innovant et décarboné devrait faire ses premiers tours de roues avant la fin de l’année en Normandie. Et son concepteur Régis Coat rêve de le tester en Bretagne. Une levée de fonds est en préparation.

C’est un drôle de petit module autonome fonctionnant à l’hydrogène et  susceptible de rouler sur les petites voies ferrées oubliées : le Taxirail©, marque déposée par l’entreprise éponyme fondée en 2020 par Régis Coat à Plusquellec (Côtes d’Armor), pourrait faire ses premiers tours de roues dans le courant du second semestre 2023, dans la zone industrielle de Port-Jérôme sur Seine en Normandie. « Ce concept disruptif de train léger autonome à hydrogène change le paradigme en assurant un service attractif pour le voyageur, à coûts maîtrisés pour la collectivité afin de sauver les lignes de desserte fine du territoire », résume son concepteur. Le démonstrateur normand circulera sur une voie d’essai de 1,6 km, mise à disposition par la communauté d’agglomération Caux Seine Agglo. Un déploiement sur d’autres territoires est-il envisageable ? Régis Coat confirme que plusieurs études ont été menées en Normandie et en Région Sud.

Financement participatif

Et en Bretagne ? Pour l’instant, Taxirail ne semble pas être prophète en son pays, malgré l’existence de lignes répondant à ces critères (voir carte). Il s’agit notamment des lignes St.Brieuc/Loudéac/Pontivy, Morlaix/Roscoff, ou encore Auray/Quiberon. C’est d’ailleurs dans l’espoir de susciter l’intérêt des acteurs du territoire breton que l’entreprise vient de lancer une opération de financement participatif sur la plateforme Leetchi pour réaliser des études d’opportunité de réouverture de ces petites lignes, structurellement déficitaire dans le modèle traditionnel.

Les modules Taxirail permettent ainsi, de manière décarbonée, de véhiculer de jour des salariés jusqu’à un lieu de travail (notamment en zone industrielle) et servir de transport de fret la nuit. Une version fret/messagerie d’une capacité de 2,5 tonnes est en effet proposée. Et le système peut aussi fonctionner en mode « transport à la demande » pour répondre à des besoins spécifiques (scolaires, séniors, etc.) en zone rurale et péri-urbaine.

« Notre urgence est de finaliser notre premier tour de table !  Plusieurs acteurs privés, institutionnels et bancaires sont prêts à nous accompagner, en plus de l’Ademe,  mais il nous faut trouver notre « premier de cordée »… » 

Régis Coat, président-fondateur de Taxirail

Soutien de l’Ademe

Confiant dans sa technologie, Taxirail met en avant le soutien apporté par l’Ademe à son concept en 2022, dans le cadre de France 2030. La société est en effet lauréate d’un accord de co-financement de 12 millions d’euros, au titre du dispositif «  Digitalisation et décarbonation des infrastructures de transport ». « Nous venons de recevoir la confirmation officielle de ce soutien. Le budget global du projet est de 25 millions dont la moitié pourrait donc être financée par l’Ademe. 3 levées de fonds successives sont prévues, en cours de projet, basés sur l’atteinte de jalons technologiques définis. Notre urgence est de finaliser notre premier tour de table !  Plusieurs acteurs privés, institutionnels et bancaires sont prêts à nous accompagner, en plus de l’Ademe,  mais il nous faut trouver notre « premier de cordée »… » résume Régis Coat, avec une pointe d’impatience, rappelant que sa start-up industrielle a été valorisée 6,7 millions d’euros par le cabinet indépendant Auris. Le marché potentiel s’établit selon lui à 200 à 300 lignes en France. Dont 70 à 90 seraient particulièrement pertinentes pour une exploitation de trains légers autonomes à hydrogène. A noter que le breton H2X Ecosystems participe au projet en tant que partenaire technologique sur la brique hydrogène. L’entreprise dirigée par Stéphane Paul travaille également sur un autre projet, de bateau à hydrogène cette fois, en collaboration avec les ingénieurs d’EXID Concept & Développement, un bureau d’innovations également dirigé par Régis Coat.

Xavier DEBONTRIDE

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