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Publié le
- 17 juillet 2023
Nicolas court pour sensibiliser au changement climatique

L’arrivée de Nicolas, le 25 juin, à Saint-Nazaire après 2100 km parcourus en 25 jours (© Jérôme Habasque)
À 31 ans, le nordiste Nicolas Vandenelsken n’en est pas à son coup d’essai. Après avoir bouclé 110 marathons en 110 jours en 2022, il vient de faire tomber le record du parcours du GR34 en mode trail : 2100 km parcourus le long du sentier des douaniers breton, fin juin, en 25 jours. Ce qui le fait courir ? la sensibilisation au changement climatique. En Bretagne, il a mis l’accent avec ses équipes sur l’érosion du trait de côte.
Les dernières études scientifiques le prouvent : rien qu’en Bretagne, 41 communes sont concernées à moyen terme par l’érosion du trait de côte, qui va modifier profondément la physionomie du littoral, avec des conséquences potentiellement désastreuses en terme de submersion marine et un impact sur les activités humaines.
Quand l’exploit fait sens
Chez Nicolas Vandenelsken, tout est affaire de passion et de relations humaines. C’est à la demande de son ami breton Alban Laurent que ce marathonien, adepte des records, a relevé au printemps le défi de battre celui détenu depuis 2021 par Jérémy Desdouets sur le GR34. Il a ainsi parcouru les 2100 kilomètres du fameux « sentier des douaniers » breton en 25 jours et 9 heures, soit 2 jours de moins que le précédent tenant du titre.
Mais chez GreeNicoTour -son pseudo sur Instagram-, l’exploit sportif doit toujours faire sens. Alors que le gouvernement a publié en 2022 la liste des 126 communes françaises -dont 41 bretonnes – qui seront concernées par l’érosion du trait de côte en raison du changement climatique, il s’est emparé de ce sujet pour sensibiliser les jeunes dans les écoles à chacune des étapes de son périple.
« Il ne s’agissait évidemment pas de faire la leçon aux Bretons, qui, comme les montagnards, connaissent bien leur territoire et sont sensibles à son évolution. La prise de conscience est bien là », souligne d’emblée Nicolas. « Au cours de cette Rand’eau Raid, nous avons pu toucher avec ma super équipe plus de 1.000 enfants dans les écoles, à travers des jeux et des relais-quizz inspirés de la Fresque du Climat. L’accueil a été top ! », explique celui qui s’est formé à cette démarche pédagogique et qui anime régulièrement des ateliers dans ce cadre.

« Mes jambes servent à faire parler les scientifiques du climat qui ne sont pas suffisamment écoutés ».
Nicolas Vandenelsken, éco-aventurier
Un film et des conférences
Au défi sportif, impressionnant, s’ajoute donc une dimension pédagogique et des convictions fortes. « Moins d’un mois après la fin de cette éco-aventure, nous n’en sommes en réalité qu’au début : nous allons continuer de travailler avec les collectivités locales bretonnes, nous sommes en relation avec le Haut conseil breton pour le climat, nous préparons un film, des conférences partout en France avec les scientifiques, pour la fin de l’année. Je dis souvent que mes jambes servent à faire parler les scientifiques du climat qui ne sont pas suffisamment écoutés », explique Nicolas.
À noter qu’il sera présent le 9 septembre à Séné dans le cadre du festival la P’Art belle, pour participer à une table ronde sur le changement climatique. L’éco-aventurier nordiste vous y attend nombreux !


Tout au long de son parcours, Nicolas Vandenelsken a rencontré près de 1000 enfants des écoles et a été accompagné par de nombreux coureurs (© Jérôme Habasque).
Accélération de l’érosion
La question de l’érosion du trait de côte fait évidemment débat au sein des communes littorales concernées, et Nicolas s’en est rendu compte. « Tout le monde n’a pas conscience de la vitesse à laquelle ça va ! Le GR34 bouge tous les ans. J’en ai fait personnellement l’expérience lors de ma course. Beaucoup de personnes rencontrées pensent encore qu’il s’agit d’un phénomène naturel. Mais l’accélération de cette érosion est bien due à nos activités humaines, via le réchauffement climatique ». Un changement de climat qui s’est aussi traduit par la présence continue et inhabituelle en cette saison d’un fort vent d’est. « J’ai couru tout le temps avec le vent dans le dos, ce qui est plutôt agréable, mais j’ai discuté avec des représentants de la Fédération française de voile, qui m’ont dit que ce n’était absolument pas normal en cette saison », reconnait Nicolas.
Celui qui s’est formé en études du sport a abandonné le sport-business dans lequel il était engagé au début de sa vie professionnelle, pour désormais sensibiliser l’opinion publique au changement climatique, via sa structure Uni-vertsport. Ces jours-ci, vous pourrez peut-être le croiser sur les routes du Tour de France. Mais pas à vélo, car le GR34 a laissé quelques traces sur son organisme et il a besoin d’un peu de repos. Qu’à cela ne tienne, Nicolas se déplace d’étapes en étapes en… auto-stop. Encore une manière concrète de réduire son bilan carbone !
Xavier DEBONTRIDE