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Comment allier intelligence artificielle et création culturelle ?

Gilles Estines, directeur de Kerozen, Daniel Le Teuff, directeur de Coop Breizh et Alan Blanchet, chef de projet digital et culture chez Produit en Bretagne (de gauche à droite) ont échangé sur la thématique de l'intelligence artificielle lors du colloque "Culture et Economie" organisé par Produit en Bretagne.

 

  • L’intelligence artificielle était le sujet du colloque « Culture et economie » organisé par produit en Bretagne
 
  • La réglementation de l’usage de l’IA est en question
 
  • des acteurs culturels tels que l’agence kerozen se sont déjà emparés de l’outil
 
 
 
 

L’intelligence artificielle (IA) était au cœur des échanges, ce vendredi 6 octobre 2023, lors de la 4e édition du colloque « Culture et Économie » organisé par le réseau Produit en Bretagne. Souveraineté, législation, craintes et opportunités, près d’une centaine d’entrepreneurs ont discuté de cette thématique d’actualité brûlante. Tour d’horizon avec un focus sur Kerozen, agence de communication qui a utilisé l’IA pour créer une de ses affiches.

Comment appréhender l’impact de l’IA dans le secteur de la culture ?

L’Intelligence artificielle va bousculer les pratiques professionnelles. Dans le secteur de la culture, cela ne se manifeste par des questionnements sur la créativité. L’objectif du colloque, organisé par Produit en Bretagne, était de réfléchir à la manière dont l’IA peut s’intégrer au mieux dans leur travail, malgré les craintes qu’elle suscite. “Une révolution technologique est en marche, ça sert à rien de se mettre la tête dans le sable”, a ironisé Daniel Le Teuff, président de la maison d’édition Coop Breizh. Le dirigeant a appelé à la “confiance et à la vigilance” envers l’outil. Pour lui,  “les industries culturelles vont devoir composer avec ce phénomène et s’adapter”. 

Un avis partagé par Gilles Estines, codirecteur de l’agence de communication Kerozen. “Il ne faut pas croire que la machine va nous remplacer. C’est un outil extrêmement puissant, il est là, on peut pas fermer les yeux, il faut pouvoir s’en emparer avec déontologie”. 

« Une réflexion technologique est en marche, ça ne sert à rien de se mettre la tête dans le sable ».

Daniel Le Teuff, directeur de Coop Breizh

La BD « Mathis et la forêt des possibles » créée par Jiri Benovsky, a été illustrée grâce à l’intelligence artificielle

Des opportunités technologiques qui devront être encadrées  

Mais des interrogations subsistent, notamment sur la législation et la notion de propriété intellectuelle. À qui revient les droits d’auteurs d’une image générée entièrement par l’IA ? La bande dessinée Mathis et la forêt des possibles, dont les illustrations ont été réalisées à partir de l’IA en est le premier exemple. 

Les intervenants ont évoqué, par ailleurs, les enjeux de souveraineté dans ce domaine. “Il ne faut pas laisser les Américains ou les Chinois dominer l’outil”, a insisté Alan Blanchet, chef de projet digital et culture chez Produit en Bretagne. Ce dernier a aussi rebondi sur l’usage de langue bretonne. “Le Breton n’est aujourd’hui que très peu présent dans les banques de données ». Un manque crucial, d’après lui, dans la sauvegarde du patrimoine linguistique. 

La question de la suppression des emplois à cause de l’IA est aussi revenue sur la table. “Lorsque les caisses automatiques sont arrivées et que les postes de caissières ont été supprimés, il n’y a pas eu plus de réactions que ça. Là les gens ont plus de mal car ça touche au monde artistique et intellectuel”, a souligné le directeur de Coop Breizh. “Lorsque les voitures sont arrivées, les conducteurs de calèche ont perdu leurs emplois et finalement le travail s’est transformé”, a comparé, à son tour, Gilles Estines. Sur ces mots, les dirigeants se sont montrés optimistes et confiants. “Les machines changent mais l’être humain ne change pas dans ses besoins fondamentaux : les besoins d’art et d’émotion vont perdurer”, a conclut Daniel Le Teuff.

L’IA, un outil à appréhender pour Kerozen

L’agence rennaise de communication Kerozen réalise chaque année l’affiche de Court Métrange, festival de films. Pour la première fois, les équipes de création de l’agence ont utilisé l’IA pour réaliser le visuel. Pour Gilles Estines, directeur de création, il vaut mieux appréhender l’outil que de le rejeter.

Adèle CHARRIER